Les libertés prises
Documentaire / 2018 / 1h27
Réalisation & image / Paolo Jacob
Montage / Bertrand Leduc
Prise de son et collaboration artistique / Patrice Le Saëc
Musique / Oscar Aubry
Montage son & mixage / Julien Perreau et Mathieu Gasnier
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Comme les autres compagnons du réseau R.E.P.A.S. ( Réseau d’Échanges de Pratiques Alternatives et Solidaires ) Vincent et Élisa, la trentaine, aspirent à vivre et travailler en collectif.
A travers une formation à la culture coopérative, ils vont être amenés à partager leur quotidien avec d'autres compagnons. Le groupe se forme, les individualités se rencontrent, les ententes comme les désaccords émergent dans le travail commun.
Au fur et à mesure des expériences, Vincent et Élisa commencent à tisser le fil de leur vie future...
La genèse du film
par Paolo Jacob
J’ai fait le compagnonnage alternatif du réseau R.E.P.A.S (Réseau d’Échanges de Pratiques Alternatives et Solidaires) en 2014. J’avais alors 19 ans. Cette expérience extraordinaire m’a bouleversé et transformé. Elle a eu une influence déterminante sur la manière dont j’envisage ma vie et dont je vais la construire. A travers ce film, je veux en tracer la réalité, la richesse et ainsi ouvrir une fenêtre sur d’autres manières d’envisager la vie et le travail.
Le réseau R.E.P.A.S. est un réseau d’entreprises alternatives et solidaires qui ont toutes en commun de tendre vers l’autogestion, de s’engager et de nourrir des dynamiques collectives dans les quartiers ou les espaces ruraux où elles sont implantées, de construire leurs activités et la manière de les mener en prenant en compte non seulement les facteurs économiques, mais l’épanouissement des personnes qui y travaillent. Il y a des fermes : Champ libre, Radis & Co, des ressourceries : CourtCircuit, le Monde Allant Vers..., une usine à bois : Ambiance Bois, des éducateurs de rue : TVAS 17, et bien d’autres, qu’importe, ce n’est pas l’activité qui les réunit, mais la façon de la mener.
Depuis 23 ans, une quinzaine de ces entreprises organisent de février à juin, un « compagnonnage alternatif ». Chaque année, ce sont une vingtaine de « compagnons » qui y participent, accompagnés par une quinzaine de « copilotes », membres des structures qui les accueilleront au cour du compagnonnage. Il s’agit d’un parcours itinérant qui vise à expérimenter et vivre l’autogestion. Aussi bien en s’immergeant au cœur des réalités et débats de collectifs qu’en vivant et construisant ses propres expériences entre compagnons. Ce compagnonnage s’adresse à des personnes à la recherche d’autres manières de vivre et de travailler, avec des fortes aspirations collectives. Il vise à leur permettre à leur tour de créer leur propre projet ou d’en rejoindre d’existants.
Ni accompagnement à la création d’activités, ni apprentissage de métier, ni formation au développement personnel, il est pourtant tout cela à la fois. Il est surtout une formidable expérience de vie capable de faire prendre conscience à chacun de sa liberté.
Qui sont les compagnons ?
Beaucoup de compagnons ont en commun d’avoir fait des études supérieures mais il n’en résulte pas moins des parcours de vie très variés : étudiants jusque-là adaptés à l’injonction sociale et à la pression familiale, qui aux termes de leurs études s’interrogent : «qu’est ce que je fais de ma vie maintenant ? Comment faire pour trouver une place dans ce monde là ?». Instant douloureux, panique émancipatrice.
Des histoires d’enfants de néo ruraux, issus de familles qui ont fait leur propre rupture et dont ils sont les héritiers.
Ou encore des jeunes en rupture, en «échec scolaire» ou qui ont volontairement tout bazardé très tôt et plus ou moins galéré. Des trentenaires, à qui une vie professionnelle apportant l’aisance ne suffit plus, mais ne savent pas comment faire autrement. Certains désabusés par le manque d’utilité collective de leur travail, d’autres broyés par leur vie professionnelle, ils tentent de rebondir en cherchant l’inspiration au sein de ce réseau.
Et puis pêle-mêle, les itinérants de ferme en ferme, de projets alternatifs en éco-lieux, de collectifs autogérés en squats informels ; ceux qui viennent avec un projet et une bande plus ou moins proche du démarrage d’une histoire collective et qui s’appuient sur le réseau R.E.P.A.S. pour se lancer. On trouve aussi les militants, très engagés dans une action politique mais qui en pressentent les limites, les contradictions entre ce qu’ils défendent et la vie qu’ils mènent. Et tant d’autres histoires de déracinement, de résistance à la fatalité des classes sociales, d’enfance heureuse, de désir de n’être qu’artiste. Rares sont les bienheureux.