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Nuisibles

Documentaire  /  2020 /  37 min

Réalisation, image, Montage & mixage / Paolo Jacob

Assistante à la réalisation / Fanny Chaloche

Prise de son  /  Grégoire Triau, Anna Jacob & Oscar Aubry

Musique  /  Oscar Aubry

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Pour les corbeaux, les champs de maïs sont comme d’immenses mangeoires à ciel ouvert. Les futures récoltes s'envoleraient en quelques heures si Fanny ne faisait pas acte de présence du lever au coucher du soleil, tel un épouvantail vivant. 

Entretien avec Paolo Jacob pour son film « Nuisibles »

Qu’est-ce que vous êtes allé chercher dans ces champs, dans cette histoire ?

 

Ça faisait des années que je voulais poser ma caméra dans ces vastes plaines céréalières. Ces espaces me sont hostiles mais je suis fasciné par la démesure qu’a pris l’agriculture, il y a quelque chose qui relève d’une prouesse technique et idéologique, et qui semble ne pas avoir de limites. Quand Fanny (la protagoniste du film) m’a parlé de cette histoire de la garde des champs, j’ai y vu une opportunité pour aller poser mon regard sur cet espace.

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Le film croise un univers de fiction à celui du documentaire, pourquoi avoir fait ce choix ?

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Il n’est pas facile de séparer la part documentaire de celle de la fiction. Par exemple la question de la menace amenée par les corbeaux est tout à fait relative dans le film. On ne voit que très peu de corbeaux, on est alors en droit de se demander si cette histoire n’est pas qu’une croyance d'Olivier. Je laisse le doute planer sur le degré de réalité de cette menace. Pour Olivier, la menace est bien réelle, mais la manière dont il a de la vivre est une construction. Je ne voulais pas tomber dans une histoire manichéenne avec d’un côté l’homme courageux qui défend sa terre, et de l’autre les corbeaux opportunistes et sans morale. L’homme a créé ces cultures, cette situation et cette adversité, ne l’oublions pas. Considérer le corbeau comme un ennemi en dit long sur notre relation au monde et notre désir de maîtrise du vivant.

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Quelle est ta relation aux corbeaux et aux nuisibles en général ?

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Même si je comprends la situation d’Olivier et de tout agriculteur qui défend sa terre, ses récoltes et le revenu qui en découle, je ne peux pas personnellement me positionner ainsi. Le corbeau est une des rares manifestations d'une nature toujours plus en retrait. Ce que l’on appelle « nuisible » n’est ni plus ni moins un animal qui a su s’adapter au progrès humain. La fréquence et l’importance des dégâts sur les cultures sont les principaux critères qui définissent si un animal est nuisible ou non. Mais devons-nous appeler « nuisible » un animal parce qu’il se nourrit de ce que l’on sème ? Et si c’est le cas, nous aussi, humains qui exploitons la terre, sommes de véritables nuisibles. J’ai beaucoup de curiosité pour les corbeaux et pour les animaux qui vivent sur ce territoire que nous croyons nôtre. Il nous rappelle que la vie est partout, mystérieuse, discrète, que la terre abrite une multitude de mondes. J’essaye de faire un pas de côté et d’explorer un monde où l’humain n’est pas central.

Au fond, nous ne sommes pas si différents des corbeaux.

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Il y a dans ces paysages que tu as filmés, un vide, le temps est comme distendu…

 

C’est un choix qui s’est affirmé pendant le montage sonore du film. Je voulais faire sentir le monopole qu’a l’humain sur l’espace des champs. J’ai retiré une majorité de sons que l’on trouve naturellement dans les champs. Ce vide sonore parle bien de l’absence de vie animale dans les cultures, hormis celle des corbeaux qui s’immisce et rompt le silence.

 

L’univers machinisme propre aux grandes cultures est quasiment absent de votre film, pourquoi ?

 

Les premières versions du film étaient beaucoup plus explicites à ce niveau, on voyait un tracteur semer le maïs puis désherber entre les rangs et cela rendait le film trop didactique. Je ne voulais pas expliquer comment le maïs était cultivé et encore moins légitimer et rendre familier l’univers machinisme en le mêlant au discours d’Olivier. Je veux redonner une échelle à l’espace des champs, échelle donnée par Olivier qui marche et contemple la plaine, dépouillée des gigantesques machines.

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